Thèmes en Débat
Citation de mndiaye le 9 janvier 2020, 0 h 22 minDevons-nous abandonner l’exigible Tradition de la Vache funéraire ?
Le sens commun Manjak soutient que « Dieu existe, mais il n’a pas édicté des lois qui régiraient la société. Il se serait même caché après avoir créé le monde pour se mettre à l’abri des lamentations des hommes. Ceux-ci doivent donc se prendre en charge eux-mêmes ».
Dans ce combat pour l’existence, pour honorer à leur mort ceux qui avaient rendu de grands et loyaux services à leurs familles, les anciens les enterraient avec des jeunes gens, âgés de 15 ans environ. Assis sur des sièges installés au fond de la Tombe qui était en forme de L, deux jeunes adolescents, un garçon et une fille, portaient sur leurs genoux, la dépouille mortelle du défunt. Leur mission : aider le mort à porter les cadeaux que les vivants lui ont fait, pour lui permettre de se présenter dignement aux siens au pays des morts.
Les Manjaks étant un peuple qui a soif de liberté et d’épanouissement, avec le temps, des voix se dressèrent contre la cruauté de la pratique, soutenant qu’il n’est pas normal que deux êtres qui n’ont pas encore vécu, sacrifiassent leur vie, pour accompagner une vieille vie qui part.
Les tenants du pouvoir finirent par céder. Ils descendirent au Bois Sacré et réformèrent la Loi Traditionnel qui stipule que le vol est désormais banni, et que toute personne prise en flagrant délit, devra être mise en réserve par la famille victime qui pourra disposer d’elle, comme elle veut, y compris faire remplacer les deux jeunes qui auraient pu accompagner une dépouille mortelle d’un notable, si la Loi Traditionnelle n’avait pas été réformée.
Avec le temps, d’autres voix finirent par se dresser à nouveau, arguant que la vie d’un voleur est aussi sacrée que celle des deux jeunes qui auraient dû accompagner une dépouille mortelle d’un notable, si la Loi Traditionnelle n’avait pas été réformée.
Les tenants du pouvoir finirent par céder à nouveau. Ils descendirent au Bois Sacré et réformer la Loi réformée qui institue la Vache funéraire et stipule qu’il est désormais interdit de faire couler le sang humain. Cependant, toute personne en droit d’honorer un digne notable de la famille et qui ne le ferait pas, devra remplacer les deux jeunes gens qui auraient dû accompagner la dépouille mortelle, si la Loi Traditionnelle n’avait pas été réformée.
La réforme de la Loi réformée universalise même l’application de cette loi révolutionnaire. Désormais, il était interdit à tout Manjaks dans le temps et dans l’espace, de faire couler le sang humain, quel que soit la victime, fut-il Manjak, noir, blanc, jaunes, rouge ou vert, etc.
Tout Manjak qui viendrait à commettre un tel acte, au Pays ou hors du Pays Manjak, devra, ou une fois de retour, avouer son crime et en être laver pour s’excuser devant l’Humanité meurtrie.
Le sens commun reprend à son compte l’esprit de cette réforme fondamentale en stipulant que « Le travail fait la personne, le mariage fait la femme, la femme fait l’homme. Aucune femme n’est ni laide, ni vieille pour un homme. Un homme, aussi laid soit-il qui s’érige en travailleur incontestable, peut se voir accorder la main de la fille la plus belle de la région, fut-elle une princesse. Si ton père meure tu n’as pas de vache à tuer, va chercher et tue ton neveu ; ton beau-père meurt tu n’as pas de vache à sacrifier, amène et sacrifie ton épouse.
Puisque seul celui qui travaille peut avoir une vache funéraire et sauver ainsi la vie de son neveu et partant, celle de son épouse, aux Manjaks il ne leur restait plus qu’une chose : travailler, toujours travailler et encore travailler, quitte à aller le chercher ailleurs. C’est ainsi qu’ils finirent par se retrouver aux quatre coins du Monde, toujours à la poursuite du mouvement de l’emploi.
Les maîtres de la Langue transposent cette idéologie de la vache funéraire dans un langage que tout le monde entend et comprend, un Manjak à la fois clair et élégant en ces termes :
« Toute personne née, éduquée, initiée, et mariée, doit à son tour procréer, éduquer, initier et marier sa progéniture. Si son père avait sacrifié deux bœufs aux funérailles de son grand père, il devra en sacrifier au moins trois, pour que l’Histoire retienne son nom et continue à parler de son Lignage.
« Dieu n’a pas besoin de sacrifice, mais il n’a pas renoncé au sacrifice animal, plaçant ainsi l’homme à part dans la création, en détournant la violence vers la seule destruction de ses richesses matérielles » [1]
Avec l’institution de la vache sacrificielle ou funéraire, les Manjaks ont aboli la peine de mort il y a plus de mille, banni le vol au sein de leur Peuple, et trouver une équation du progrès : « Toute personne née, éduquée, initiée, et mariée, doit à son tour procréer, éduquer, initier et marier sa progéniture. Si son père avait sacrifié deux bœufs aux funérailles de son grand père, il devra en sacrifier au moins trois ».
Ignore le principe de la vache funéraire, c’est ignore cette équation du progrès, c’est replonger dans la tentation du vol, c’est finira aux crimes.
Donc, nous devons continuer à pratiquer le sacrifice animal institué par nos ancêtres aux cérémonies funéraires ».
Continuer la pratique de nos Ancêtres, c’est suivre l’esprit de leur logique : « être doux, souples et faciles en relations, avoir soif de la liberté, donc du sens de la responsabilité et du goût de l’aventure, et « partout où on est admis, ne penser qu’à être de bons citoyens qui ne veulent rien d’autres qu’apporter la prospérité autour d’eux »[2], etc.. »
Comme nos ancêtre, nous devons continuer à réformer sans abandonner, c’est-à-dire garder l’exigibilité, en donnant à chaque fois, la fin qui convient à chaque époque. Si nos Ancêtres ont su et pu passer du sacrifice humain au sacrifice animal, c’est que nous pouvons aussi passer de l’exigibilité de la vache funéraire à une organisation rationnelle de la production présentée par tous et par chacun.
Notre culture est une culture additive. Elle ne rejette, ni n’intègre, mais additionne. Nous devons donc apprendre à additionner aussi. C’est-à-dire à savoir ce que nous avons reçu en héritage, ce que nous devons ajouter à cet héritage, comment dépasser, positionner, valider et essayer de rendre le tout invulnérable jusqu’à la prochaine réforme indispensable.
La génération des émigrés des années 1920 avaient une seule obsession : réussir les funérailles de leur Lignage. A leur époque, il n’était pas rare de voir 10, 20, 30 bœufs abattus voir plus dans une cérémonie funéraire d’un notable qui a rendu de grands et loyaux services à sa famille. Acheter une parcelle de terre en ville, y construire une maison était le cadet de leur souci.
La génération des émigrés années 1960, elle, était plutôt tournée vers le logement. Avoir un terrain ou une belle maison en ville était un signe d’aisance. Plus le temps passe, plus les nouvelles générations ignorent la portée civilisatrice et progressiste de la vache funéraire et devient du coup très peu ambitieuses, donc très individualistes, fragiles, vulnérables. En ignorant cette logique, elles ignorent leurs racines, donc elles s’ignorent, par conséquent elles ne peuvent pas se vendre au marché des compétences universalisables.
La réforme que nous proposons repose sur la logique de la génération des aînés des années 1920 et de celle de celle des années 1960, parce que chacune d’elle a raison sur un point, et tort sur un autre, ce qui expliquer et justifie la logique additive de notre Culture que nous devons perpétuer.
La génération des émigrés Manjaks des années 1920 pensait qu’il n’y a pas d’acte plus louable que celui qui consiste à honorer le plus dignement possible ceux qui ont amené l’Humanité jusqu’à nous. Elle avait raison, mais sa raison restait insuffisante. Parce qu’elle avait tort de ne pas penser à ce dont aura besoin réellement ses enfants ou petits-enfants quand leur époque arrivera : avoir une maison décente en ville ou en campagne !
La génération des années 1960 croyait que le logement est un signe de richesse fondamentale. « Le logement, dit l’Abbé Pierre, n’est certes pas la solution à tout, mais reste l’évidence première, si on ne répond pas à ce premier besoin, le manque se répercute tout au long de la vie et dans tous les domaines. Si on ne résout pas le problème du logement, on laisse couler le robinet de la misère. Pensez à tous les mal-logés. Prenez une famille avec un toit, mais trop réduit pour ses trois enfants. Ils vivent dans un deux pièces une terrible proximité. Quand ces enfants atteignent l’adolescence, comment voulez-vous qu’ils ne rompent pas avec leur famille ? Ils prennent déjà le risque de devenir clochards. Non seulement le manque de logement suffisant engendre constamment des drames, mais c’est une situation qui accule le jeune à la délinquance, à la vie en bande, et, au fil du temps, quand il s’isole, à se clochardiser. Le logement n’est pas la solution à tout, mais c’est la base de toute solution. J’ai voulu être un missionnaire itinérant, mais à partir des repères stables ! Si j’ai choisi de me faire religieux dans l’ordre de François d’Assise, c’est pour investir dans la foi tout ce qu’il y avait en moi de non conformer. C’est le grand bonheur de ma vie. Mais, j’avais eu la chance de pouvoir bénéficier d’un foyer solide dans mon enfance. Les valeurs qu’il m’avait permis d’acquérir, j’ai pu constamment m’y tenir. Avec un tel bagage, on peut prendre la route, on peut même gambader, mais on sait où on va »[3].
Si l’Abbé Pierre a donné entièrement raison à cette génération des années 1960, il valide aussi notre projet de réforme qui repose sur la nécessité de garder ses racines, pour pouvoir prendre toujours la route et même gambader, en toute quiétude.
Cependant, cette génération des années 1960 a tort de ne pas penser à ce dont aura réellement besoin ses enfants ou petits-enfants quand leur époque arrivera : trouver une entreprise familiale à gérer plutôt que d’aller pointer chaque jour au Pôle emploi, de courir le risque de ne pas trouver un emploi, de vendre un jour la maison familiale, et, finir clochard aux pieds des murs de la Cité, quand tout l’argent encaissé sera dépensé.
La réforme doit porter sur la répartition des vaches funéraires en trois : Tuer 1/3 pour nourrir ceux qui viennent rendre hommage au défunt, affecter 1/3 au troupeau familial, et vendre 1/3 tiers pour alimenter le compte bancaire de la famille, qui permettra de créer et de développer des entreprises familiales à travers le Monde.
Cette réforme proposée a pour but de susciter des échanges sur la question au sein des familles paternelles, claniques, ou tribales. Dans ces débats, chacun doit apprendre à rendre son esprit enseignable, comme le faisaient nos Ancêtre, c’est-à-dire, accepter la contradiction, argumenter ses positions et accepter la loi de la majorité, comme le faisaient nos Ancêtres.
Si nos parents avaient autorisé l’émigration, c’est pour permettre aux émissaires d’aller voir ailleurs, et de revenir leur dire ce que de positif ils ne savaient pas encore, soutenaient ou banalisaient à juste titre ou à tort ».
Et si nos parents ont accepté de nous envoyer à l’école, c’était pour aller voir et revenir leur dire ce que nous avons vu, ce qui peut nous protéger ou perturber, ils sauront alors ce qu’ils doivent faire.
La réforme est donc très possible, comme elle l’a toujours été au sein du Peuple Manjak qui était et reste un très grand peuple de référence, tant que chaque génération assumera sa mission ! La nôtre tombe sur la nécessité de réformer la pratique de la vache funéraire. Que le débat commence et se termine en beauté comme toujours. La maturité Manjak l’exige !
Seckou Ndiaye : Chercheur à BAKHONNE
[1] Jacques Attali, Les Juifs, le Monde et l’Argent, Fayard, P 21
[2] Jacques Attali, Les Juifs, le Monde et l’Argent, Fayard
[3] André Lacroix, Des rues et des Hommes
Devons-nous abandonner l’exigible Tradition de la Vache funéraire ?
Le sens commun Manjak soutient que « Dieu existe, mais il n’a pas édicté des lois qui régiraient la société. Il se serait même caché après avoir créé le monde pour se mettre à l’abri des lamentations des hommes. Ceux-ci doivent donc se prendre en charge eux-mêmes ».
Dans ce combat pour l’existence, pour honorer à leur mort ceux qui avaient rendu de grands et loyaux services à leurs familles, les anciens les enterraient avec des jeunes gens, âgés de 15 ans environ. Assis sur des sièges installés au fond de la Tombe qui était en forme de L, deux jeunes adolescents, un garçon et une fille, portaient sur leurs genoux, la dépouille mortelle du défunt. Leur mission : aider le mort à porter les cadeaux que les vivants lui ont fait, pour lui permettre de se présenter dignement aux siens au pays des morts.
Les Manjaks étant un peuple qui a soif de liberté et d’épanouissement, avec le temps, des voix se dressèrent contre la cruauté de la pratique, soutenant qu’il n’est pas normal que deux êtres qui n’ont pas encore vécu, sacrifiassent leur vie, pour accompagner une vieille vie qui part.
Les tenants du pouvoir finirent par céder. Ils descendirent au Bois Sacré et réformèrent la Loi Traditionnel qui stipule que le vol est désormais banni, et que toute personne prise en flagrant délit, devra être mise en réserve par la famille victime qui pourra disposer d’elle, comme elle veut, y compris faire remplacer les deux jeunes qui auraient pu accompagner une dépouille mortelle d’un notable, si la Loi Traditionnelle n’avait pas été réformée.
Avec le temps, d’autres voix finirent par se dresser à nouveau, arguant que la vie d’un voleur est aussi sacrée que celle des deux jeunes qui auraient dû accompagner une dépouille mortelle d’un notable, si la Loi Traditionnelle n’avait pas été réformée.
Les tenants du pouvoir finirent par céder à nouveau. Ils descendirent au Bois Sacré et réformer la Loi réformée qui institue la Vache funéraire et stipule qu’il est désormais interdit de faire couler le sang humain. Cependant, toute personne en droit d’honorer un digne notable de la famille et qui ne le ferait pas, devra remplacer les deux jeunes gens qui auraient dû accompagner la dépouille mortelle, si la Loi Traditionnelle n’avait pas été réformée.
La réforme de la Loi réformée universalise même l’application de cette loi révolutionnaire. Désormais, il était interdit à tout Manjaks dans le temps et dans l’espace, de faire couler le sang humain, quel que soit la victime, fut-il Manjak, noir, blanc, jaunes, rouge ou vert, etc.
Tout Manjak qui viendrait à commettre un tel acte, au Pays ou hors du Pays Manjak, devra, ou une fois de retour, avouer son crime et en être laver pour s’excuser devant l’Humanité meurtrie.
Le sens commun reprend à son compte l’esprit de cette réforme fondamentale en stipulant que « Le travail fait la personne, le mariage fait la femme, la femme fait l’homme. Aucune femme n’est ni laide, ni vieille pour un homme. Un homme, aussi laid soit-il qui s’érige en travailleur incontestable, peut se voir accorder la main de la fille la plus belle de la région, fut-elle une princesse. Si ton père meure tu n’as pas de vache à tuer, va chercher et tue ton neveu ; ton beau-père meurt tu n’as pas de vache à sacrifier, amène et sacrifie ton épouse.
Puisque seul celui qui travaille peut avoir une vache funéraire et sauver ainsi la vie de son neveu et partant, celle de son épouse, aux Manjaks il ne leur restait plus qu’une chose : travailler, toujours travailler et encore travailler, quitte à aller le chercher ailleurs. C’est ainsi qu’ils finirent par se retrouver aux quatre coins du Monde, toujours à la poursuite du mouvement de l’emploi.
Les maîtres de la Langue transposent cette idéologie de la vache funéraire dans un langage que tout le monde entend et comprend, un Manjak à la fois clair et élégant en ces termes :
« Toute personne née, éduquée, initiée, et mariée, doit à son tour procréer, éduquer, initier et marier sa progéniture. Si son père avait sacrifié deux bœufs aux funérailles de son grand père, il devra en sacrifier au moins trois, pour que l’Histoire retienne son nom et continue à parler de son Lignage.
« Dieu n’a pas besoin de sacrifice, mais il n’a pas renoncé au sacrifice animal, plaçant ainsi l’homme à part dans la création, en détournant la violence vers la seule destruction de ses richesses matérielles » [1]
Avec l’institution de la vache sacrificielle ou funéraire, les Manjaks ont aboli la peine de mort il y a plus de mille, banni le vol au sein de leur Peuple, et trouver une équation du progrès : « Toute personne née, éduquée, initiée, et mariée, doit à son tour procréer, éduquer, initier et marier sa progéniture. Si son père avait sacrifié deux bœufs aux funérailles de son grand père, il devra en sacrifier au moins trois ».
Ignore le principe de la vache funéraire, c’est ignore cette équation du progrès, c’est replonger dans la tentation du vol, c’est finira aux crimes.
Donc, nous devons continuer à pratiquer le sacrifice animal institué par nos ancêtres aux cérémonies funéraires ».
Continuer la pratique de nos Ancêtres, c’est suivre l’esprit de leur logique : « être doux, souples et faciles en relations, avoir soif de la liberté, donc du sens de la responsabilité et du goût de l’aventure, et « partout où on est admis, ne penser qu’à être de bons citoyens qui ne veulent rien d’autres qu’apporter la prospérité autour d’eux »[2], etc.. »
Comme nos ancêtre, nous devons continuer à réformer sans abandonner, c’est-à-dire garder l’exigibilité, en donnant à chaque fois, la fin qui convient à chaque époque. Si nos Ancêtres ont su et pu passer du sacrifice humain au sacrifice animal, c’est que nous pouvons aussi passer de l’exigibilité de la vache funéraire à une organisation rationnelle de la production présentée par tous et par chacun.
Notre culture est une culture additive. Elle ne rejette, ni n’intègre, mais additionne. Nous devons donc apprendre à additionner aussi. C’est-à-dire à savoir ce que nous avons reçu en héritage, ce que nous devons ajouter à cet héritage, comment dépasser, positionner, valider et essayer de rendre le tout invulnérable jusqu’à la prochaine réforme indispensable.
La génération des émigrés des années 1920 avaient une seule obsession : réussir les funérailles de leur Lignage. A leur époque, il n’était pas rare de voir 10, 20, 30 bœufs abattus voir plus dans une cérémonie funéraire d’un notable qui a rendu de grands et loyaux services à sa famille. Acheter une parcelle de terre en ville, y construire une maison était le cadet de leur souci.
La génération des émigrés années 1960, elle, était plutôt tournée vers le logement. Avoir un terrain ou une belle maison en ville était un signe d’aisance. Plus le temps passe, plus les nouvelles générations ignorent la portée civilisatrice et progressiste de la vache funéraire et devient du coup très peu ambitieuses, donc très individualistes, fragiles, vulnérables. En ignorant cette logique, elles ignorent leurs racines, donc elles s’ignorent, par conséquent elles ne peuvent pas se vendre au marché des compétences universalisables.
La réforme que nous proposons repose sur la logique de la génération des aînés des années 1920 et de celle de celle des années 1960, parce que chacune d’elle a raison sur un point, et tort sur un autre, ce qui expliquer et justifie la logique additive de notre Culture que nous devons perpétuer.
La génération des émigrés Manjaks des années 1920 pensait qu’il n’y a pas d’acte plus louable que celui qui consiste à honorer le plus dignement possible ceux qui ont amené l’Humanité jusqu’à nous. Elle avait raison, mais sa raison restait insuffisante. Parce qu’elle avait tort de ne pas penser à ce dont aura besoin réellement ses enfants ou petits-enfants quand leur époque arrivera : avoir une maison décente en ville ou en campagne !
La génération des années 1960 croyait que le logement est un signe de richesse fondamentale. « Le logement, dit l’Abbé Pierre, n’est certes pas la solution à tout, mais reste l’évidence première, si on ne répond pas à ce premier besoin, le manque se répercute tout au long de la vie et dans tous les domaines. Si on ne résout pas le problème du logement, on laisse couler le robinet de la misère. Pensez à tous les mal-logés. Prenez une famille avec un toit, mais trop réduit pour ses trois enfants. Ils vivent dans un deux pièces une terrible proximité. Quand ces enfants atteignent l’adolescence, comment voulez-vous qu’ils ne rompent pas avec leur famille ? Ils prennent déjà le risque de devenir clochards. Non seulement le manque de logement suffisant engendre constamment des drames, mais c’est une situation qui accule le jeune à la délinquance, à la vie en bande, et, au fil du temps, quand il s’isole, à se clochardiser. Le logement n’est pas la solution à tout, mais c’est la base de toute solution. J’ai voulu être un missionnaire itinérant, mais à partir des repères stables ! Si j’ai choisi de me faire religieux dans l’ordre de François d’Assise, c’est pour investir dans la foi tout ce qu’il y avait en moi de non conformer. C’est le grand bonheur de ma vie. Mais, j’avais eu la chance de pouvoir bénéficier d’un foyer solide dans mon enfance. Les valeurs qu’il m’avait permis d’acquérir, j’ai pu constamment m’y tenir. Avec un tel bagage, on peut prendre la route, on peut même gambader, mais on sait où on va »[3].
Si l’Abbé Pierre a donné entièrement raison à cette génération des années 1960, il valide aussi notre projet de réforme qui repose sur la nécessité de garder ses racines, pour pouvoir prendre toujours la route et même gambader, en toute quiétude.
Cependant, cette génération des années 1960 a tort de ne pas penser à ce dont aura réellement besoin ses enfants ou petits-enfants quand leur époque arrivera : trouver une entreprise familiale à gérer plutôt que d’aller pointer chaque jour au Pôle emploi, de courir le risque de ne pas trouver un emploi, de vendre un jour la maison familiale, et, finir clochard aux pieds des murs de la Cité, quand tout l’argent encaissé sera dépensé.
La réforme doit porter sur la répartition des vaches funéraires en trois : Tuer 1/3 pour nourrir ceux qui viennent rendre hommage au défunt, affecter 1/3 au troupeau familial, et vendre 1/3 tiers pour alimenter le compte bancaire de la famille, qui permettra de créer et de développer des entreprises familiales à travers le Monde.
Cette réforme proposée a pour but de susciter des échanges sur la question au sein des familles paternelles, claniques, ou tribales. Dans ces débats, chacun doit apprendre à rendre son esprit enseignable, comme le faisaient nos Ancêtre, c’est-à-dire, accepter la contradiction, argumenter ses positions et accepter la loi de la majorité, comme le faisaient nos Ancêtres.
Si nos parents avaient autorisé l’émigration, c’est pour permettre aux émissaires d’aller voir ailleurs, et de revenir leur dire ce que de positif ils ne savaient pas encore, soutenaient ou banalisaient à juste titre ou à tort ».
Et si nos parents ont accepté de nous envoyer à l’école, c’était pour aller voir et revenir leur dire ce que nous avons vu, ce qui peut nous protéger ou perturber, ils sauront alors ce qu’ils doivent faire.
La réforme est donc très possible, comme elle l’a toujours été au sein du Peuple Manjak qui était et reste un très grand peuple de référence, tant que chaque génération assumera sa mission ! La nôtre tombe sur la nécessité de réformer la pratique de la vache funéraire. Que le débat commence et se termine en beauté comme toujours. La maturité Manjak l’exige !
Seckou Ndiaye : Chercheur à BAKHONNE
[1] Jacques Attali, Les Juifs, le Monde et l’Argent, Fayard, P 21
[2] Jacques Attali, Les Juifs, le Monde et l’Argent, Fayard
[3] André Lacroix, Des rues et des Hommes